Sur la trace des 220 Guignicourtois réfugiés en Belgique en 1917…

L’exode des Guignicourtois

La place du village avant 1914 – Le chalet Sully-Gilbert, la boucherie Péromet (aujourd’hui bureau de tabac) et la poste.

Quelques semaines en amont de l’offensive française sur le Chemin des Dames dont l’armée allemande a été informée de son imminence, la date du 10 mars 1917 marque l’ultime évacuation des Guignicourtois. Ce 10 mars, sous la neige, à 7 heures du matin, l’armée allemande rassemble les habitants de notre village sur la place pour une destination inconnue : à pied pour les plus valides, dans des chariots pour les femmes, les enfants, les blessés et impotents, presque sans bagages, en un convoi pénible, les Guignicourtois rejoignent la gare de Saint‑Erme. Après un voyage difficile, ils débarquent en Belgique dans différents petits villages de la région de Namur, où il séjourneront plusieurs mois avant de rejoindre les départements d’accueil français. Près d’un siècle plus tard,en 2014, MM. Émile Pirard et Raymond Riguelle explorent l’histoire de leur village d’enfance de Hanret, situé près de Namur. Parmi les nombreux réfugiés français qui ont séjourné dans la région, ils retrouvent la trace de 220 Guignicourtois, partis de la gare de la gare de Saint-Erme le 10 mars 1917. À leur arrivée, ces réfugiés ont fait l’objet d’un recensement par le curé de Leuze (village voisin de Hanret) qui nous a été aimablement communiqué. Tout en partageant leurs recherches au sein d’une trilogie d’ouvrages sur l’histoire contemporaine de Hanret, nos deux chercheurs ont eu l’extrême gentillesse de nous communiquer le fruit de leurs travaux sur cet épisode méconnu de notre histoire. Témoin des arrivées de mars 1917, M. P. Bouvier, bourgmestre du village voisin de Boneffe raconte : « Comment dépeindre ces femmes au regard triste, ces vieillards bien las, ces enfants pâles, fatigués à l’extrême de ces dix‑huit heures de wagons, quasi sans lumière et sans air. Ils étaient chargés de sacs contenant leurs maigres bagages : certains avaient un chien, d’autres un chat, certains même une cage avec un oiseau… ».

L’arrivée massive de réfugiés des villages français n’est pas sans poser de problème, elle provoque le doublement du nombre d’habitants dans le secteur de Hanret. En cette période de guerre, on comprend aisément la légitime complexité d’assurer le ravitaillement des habitants et des réfugiés… MM. Pirard et Riguelle rappellent les difficiles conditions de vie des populations dans leur commune, alors en grande disette de charbon. L’état civil de Hanret a également interpellé les historiens : « En mars 1917, on recense 5 décès parmi les réfugiés de Guignicourt (1 bébé de 2 mois et 4 personnes âgées) et le mois suivant verra la naissance de 3 nouveaux « réfugiés ». Dans leur ouvrage, ils racontent également dans quelles conditions étaient dispensés la scolarisation et le catéchisme aux petits Guignicourtois, puis le rapatriement « ciblé » des réfugiés le 30 juillet 1917 en gare d’Éghezée. Certains Guignicourtois seront contraints de prolonger leur séjour en Belgique, tandis que d’autres rejoindront la France, via l’Allemagne et la Suisse. Leur destination est Annemasse jusqu’en 1917, puis Évian où des services de rapatriement sont organisés.

Cent ans plus tard…

De gauche à droite : M. Duhénoy, M. Pirard, M. Germain, Mme et M. Riguelle, M. Marival.

Ce mercredi 26 avril 2017, notre municipalité, représentée par Matthieu Germain, adjoint au maire, et Julien Duhénoy, directeur général des services, accueillait M. Pirard, M. Riguelle et son épouse, ainsi que M. Guy Marival, historien émérite de notre département. Après une présentation photographique de notre localité de la Belle Époque à la Première Guerre, le groupe est parti à la découverte des principaux sites historiques des environs. Sous la conduite de M. Guy Marival, le groupe franco-belge a notamment parcouru les nécropoles militaires, des villages détruits ou disparus du Chemin des Dames et les différents lieux commémoratifs qui le jalonnent : cette visite donnait la mesure de la complexité des combats et de leur violence, des pertes humaines engendrées et de l’indispensable départ des populations avant l’anéantissement de leur village.

Cent ans après l’évacuation, notre municipalité était honorée d’accueillir ce duo d’historiens très sympathiques de Hanret : les recherches de MM. Pirard et Riguelle ont révélé des facettes inédites de notre passé collectif, mêlant à la fois l’histoire locale de notre village à celle d’un village belge. Le destin partagé cinq mois durant des Hanretois et des Guignicourtois a certainement laissé quelques souvenirs ou témoignages au sein des familles de souche guignicourtoise. Si vous disposez d’informations susceptibles de se rapporter à l’exode du 10 mars 1917, merci de nous contacter ici…

En promenade avec nos amis belges !

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Pour en savoir un peu plus…

Hanret 1900-1940 – Dans les pas de nos aïeux, Le séjour des Guignicourtois à Hanret, p. 40 à 47, (si vous souhaitez vous procurer l’ouvrage, merci de prendre contact ici…)
Le Calvaire de Guignicourt – Trente mois sous les obus français, éditions Bergame, 160 pages
Mars 1917 : de l’Aisne à la Belgique – Des réfugiés par milliers, La Lettre du Chemin des Dames n°39, p. 8 à 11, un excellent article (!) à télécharger sur le site Chemin des Dames…
Printemps 1917- L’exode des Guignicourtois, Guignicourt Infos n°145, p. 13 à 15, à télécharger sur le site ville-guignicourt.fr…